Témoignage : passage aux urgences de Lons Le Saunier.
Il est environ 17h30, nous sommes le lundi 21 avril, je viens d'être victime d'un accident de la route. Je n'imagine pas, au moment de mon admission, que je devrai passer 29h aux urgences.
Je débarque donc aux urgences dans une coquille, souffrant du dos (vertèbres fracturées).
Merci les pompiers de Moirans, femmes et hommes, pour vos compétences et votre gentillesse.
Je n'imagine pas, au moment de mon admission, que je devrai passer 29h aux urgences, couchée sur le même brancard et que je devrai attendre 5 heures avant que l'on m'administre des calmants.
Je deviens donc malgré moi, spectatrice du chaos, de ce qu’est en train de devenir notre service public de santé.
Tout d'abord le personnel : comment ne pas rendre hommage à toutes ces femmes et hommes, qui pendant 12h d'affilée, se démènent pour faire face à toutes les demandes et attentes ?
- Celles des pompiers ou ambulanciers qui arrivent à rythme régulier avec de nouveaux patients en demandant, "on met où ?"
- Celles des médecins qui interviennent quand la personne blessée ou malade a déjà été vue par les infirmièr-es et autres soignant-es et qui veulent que tout soit prêt au moment de leur intervention.
- Celles des malades que l'on déplace du box au couloir, parfois du couloir au box, souvent du couloir au couloir?
Pour ma part, on m'a placée dans le couloir vers 22h, le soir de mon accident, ayant été examinée et conduite au scanner, et je l'ai quitté 24h plus tard, après que l'on m'ait changée de place 6 fois, parfois sans ménagement, avant mon transfert au service UMPU.
J'ai notamment repéré au cours de ce triste ballet logistique, digne d’un sordide Tétris, un jeune homme visiblement responsable de l’optimisation de l’espace – sans beaucoup d’égards pour les patient-es.
Sans doute "le gestionnaire de flux", dixit un ami à moi travaillant à l'hôpital.
Comment ne pas évoquer en vrac, le manque d'intimité, le manque d'attention, la nécessité pour les soignant-es d'attacher les plus agité-es, de la proximité inter générationnelle ainsi que la mise à nu des pathologies parfois sévères des un-es et des autres ?
Comment ne pas remarquer que les soignant-es, pour survivre, finissent s'habituer à la maltraitance qu'ils génèrent malgré elles et eux ?
Et la question: comment en est-on arrivé là ?
Installée dans le service post urgences (UMPU), j'ai retrouvé les mêmes soignant-es et bien sûr, j'ai évoqué cette situation dramatique.
Les causes sont connues :
- des personnes du territoire sans médecin traitant, ( en France, 2 millions de personnes seraient à la recherche d'un médecin traitant),
- fermeture de certains services d'urgence dans le département, - fermeture régulière de lits et de postes de soignant-es au sein du CH, (en 15 ans, moins 250 postes),
- admissions de personnes âgées vivant seul-es et pour lesquel-les les familles s’en remettent à l'hôpital pour gérer leur placement faute de moyens ou démunies devant la complexité des dossiers à remplir...,
- désengagement de l'état pour certains services de soins (à Lons, l'IRM, c'est privé !)
Personne le lundi de Pâques, l'examen qui était nécessaire dans mon cas, a eu lieu le mardi à 15 h! )
Alors, non, les propos de notre députée, Danielle Brulebois, affirmant que tout allait bien à l'hôpital de Lons sont mensongers et inacceptables.
Il y a le feu dans nos services publics, soyons des pompiers revendicatifs porteurs de propositions politiques courageuses et réalisables afin que la situation s’améliore et soit à la hauteur d’un pays riche comme le nôtre .
IL Y A URGENCE !!!